Mario Pain

Mario Pain, administrateur civilAdministrateur civil

« Pourquoi j’ai passé le 3e concours ? J’ai depuis ma jeunesse voulu servir l’État. Je me serais plutôt orienté vers un corps technique ou opérationnel, mais à l’âge où l’on passe ses examens, je n’étais pas encore de nationalité française, et je ne pouvais donc pas passer les concours donnant accès à la fonction publique. J’ai donc passé avec succès le concours de l’École Centrale puis un doctorat en sciences physiques au Commissariat à l’Énergie atomique (CEA) et j’ai fait une première carrière d’ingénieur-physicien dans le nucléaire, d’abord à l’EURATOM sur un projet à l’étranger, puis au CEA en France comme chef de projet. Une fois ce projet terminé, j’ai eu envie de faire "autre chose".
Au départ, j’avais une passion pour le droit, et une amie chère, qui avait elle même passé le 3e concours, me conseilla d’essayer l’ENA. J’ai fait une pENA à Grenoble, en dilettante je dois l’avouer, étant plus intéressé à profiter de mon temps pour aller à la bibliothèque et travailler des sujets juridiques ou économiques qui m’intéressaient plutôt que répéter les exercices de concours. Et je l’ai eu quand même ! Je suis partagé sur la formation à l’ENA. J’ai eu deux stages (l’un en préfecture, l’autre en administration centrale) qui ont été des expériences magnifiques, autant du point de vue technique qu'humain. J’ai eu l’opportunité de connaître un milieu et un mode de raisonnement qui ne m’étaient guère familiers, en plus de gens exceptionnels qui sont devenus des amis. Mais la partie “scolaire” de la formation, en dehors de quelques excellents intervenants – je pense à M. Stirn, du Conseil d’État, qui donnait le cours de droit administratif – a été plutôt décevante. Que de temps perdu à faire des exercices scolaires qui ne servent à rien… Pour ce qui concerne l’après ENA… il ne m’a donné aucune raison de regretter. Cette expérience m’a changé profondément et m’a ouvert des portes, que ce soit en termes de carrière ou sur le plan intellectuel, que je ne soupçonnais même pas. Bien sûr, tout ne fut pas un lit de roses… j’ai eu la chance – ou la malchance, selon de quel point de vue on le regarde – de me faire “chasser la tête” par EDF et de partir immédiatement en disponibilité pour être patron d’une centrale nucléaire. Et lorsque je décidai de rentrer dans l’administration, le moins qu’on puisse dire c’est qu’on ne m’attendait pas les bras ouverts.
Je pense que lorsqu’on est passé par le 3e concours, il faut tout de suite abandonner l’idée qu’on peut se faire "porter" par le système. Ça marche – et encore – pour les jeunes du concours externe, qui ont le temps devant eux et qui sont en phase avec le système. Mais pour nous, la carrière standard n’existe pas. Et pour accepter d’être débutant à 40 ans, il faut une bonne dose d’humour, de distance et de curiosité. Humour, distance et curiosité… voici pour moi les attributs indispensables de l’énarque 3e concours ! »
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